Dessine-moi un beau Seyon

Peu après sa naissance, en 1987, l’APSSA avait proposé aux enfants des écoles de dessiner un secteur de rivière comme ils auraient souhaité le voir. Vingt ans plus tard, notre association a lancé à nouveau un appel à toutes les classes de 4ème et 5ème années du Val-de-Ruz, sur le thème « Dessine-moi un beau Seyon ». C’est le travail de la classe de 5ème année de Mme Graf à Fontainemelon qui s’est distingué par la sensibilité de son approche de la rivière et de ses habitants.

Le Seyon

Assis sur des billons de bois, au bord du Seyon, Jérôme, un vieillard à longue barbe, contemple la rivière limpide couler entre les cailloux et la mousse. Il admire le vol des éphémères au-dessus de la surface de l’eau. Il écoute le murmure de la nature, le chant des merles et des pinsons. Puis il regarde l’emplacement, où jadis, un mur bétonné s’élevait. A la place, des populages, des renoncules, primevères et anémones y poussent.

Il est heureux d’y retrouver le martin-pêcheur, le héron, le renard et l’écrevisse. Ils se connaissent depuis longtemps.

Près d’eux, de jeunes castors s’ébattent dans l’eau et Jérôme décide de leur raconter l’histoire du Seyon, autrefois si malade.

–        Tu plaisantes Jérôme, s’exclament les castors, ce n’est pas possible que le Seyon ait été si gravement malade ! Regarde la belle eau fraîche, les arbres qui dansent dans le vent, la végétation qui se plie sous le courant et les nombreuses petites bêtes nager.

–        Eh si ! Ecoutez. Je vais vous raconter mon histoire, il y a longtemps de cela, j’étais encore petit :

Jérôme ! (maman m’appelait), tu n’as pas fini de laver la vaisselle ! Je lui répondis :

–        J’en ai marre, j’ai envie de faire autre chose.

–        Reviens tout de suite ! Mais j’avais déjà claqué la porte et étais allé pleurer vers le Seyon, mon ami malade. J’avais huit ans et j’aimais passer du temps à son chevet.

–        Oh mince ! Ma montre tomba à l’eau, en voulant la rattraper, je me retrouvai dans l’eau, j’avais mal à la tête, je vis que ma montre était 100 fois plus grande que moi ! J’avais la taille de son aiguille ! Je vis une sangsue immense, des gammares et des aselles. Je fuyais sans me retourner. Rapidement je compris que j’étais au fond du Seyon, petit comme une brindille. J’entendais des bruits, des voix, j’avais peur mais ma curiosité était plus forte. Une truite voulu m’avaler.

–        Non, pas ça !! ai-je crié. La truite me regarda d’un air bizarre :

–        Pourquoi t’épargner ? Je n’ai plus rien à manger à cause de toute cette pollution.

Comme maintenant je comprends le langage des animaux, je répondis :

–        Je vous promets que je ferai tout pour vous aider !

Déconcertée, la truite disparut. Elle me frôla avec sa queue et je me retrouvai à nouveau sur la berge sablonneuse.

Peu de temps après, le martin-pêcheur trouva une feuille argentée qui ressemblait à un poisson. Il l’attrapa. Sur cette feuille était inscrit un étrange message :

Pour sauver le Seyon, il faut réunir un renard, un héron, un martin-pêcheur et une écrevisse. Seuls vous quatre pouvez libérer le globe de cristal magique.

Signé : un ami du Seyon.

Saviez-vous qu’à mon époque, au bord du Seyon, à la Borcarderie, demeuraient de méchantes sorcières qui polluaient l’eau. Elles avaient beaucoup de peine à l’admettre. Les rives étaient recouvertes de plastique, de métal rouillé, de papiers divers. A cause de cette pollution, tous les animaux qui y vivaient disparaissaient petit à petit.

Ces sorcières étaient allergiques aux fleurs populages, voilà pourquoi nous en mettions un bouquet à l’entrée de nos maisons, croyant que cela les faisait fuir.

Il y avait dans le Seyon une seule écrevisse, la dernière.

Un beau jour, elle se réveilla, elle asphyxiait car l’eau était trop polluée. Elle avait besoin d’aide, il fallait nous unir pour sauver le Seyon !

Le martin-pêcheur et ses amis décidèrent de défier les sorcières.

Si ces dernières perdaient, le pouvoir passait aux habitants du Seyon, grands comme petits.

Le héron pris le renard sur le dos et avec le martin-pêcheur, ils cherchèrent une écrevisse. Bientôt, ils la trouvèrent. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’elle venait d’Amérique…

Ensemble, ils remontèrent le Seyon, s’arrêtèrent à la Sorge. Là, ils y trouvèrent une caverne habitée par un loup. Celui-ci dit qu’il ne connaissait pas de globe de cristal. Alors, déçus, ils poursuivirent leur chemin.

Arrivés au Morguenet, une famille renard leur répondit qu’elle avait déjà vu quelque chose de ce genre au Torrent.

Il fallait absolument retrouver ce globe qui contenait la source du Seyon. Seule une écrevisse pouvait y pénétrer. Si elle parvenait à nettoyer le globe, toute la population d’écrevisses réapparaîtrait.

A Villiers, le soleil éclairait particulièrement un arbre…

Au creux de celui-ci se trouvait un ancien nid de hibou et caché sous quelques plumes légères, le globe de cristal !! Vite, l’écrevisse américaine essaya d’entrer mais soudain, dans un fracas effroyable, des sorcières apparurent et l’écrevisse disparut.

A ce moment-là, un rayon de soleil effleura le plumage coloré du martin-pêcheur avant de se poser sur un caillou ; une fumée verte s’éleva alors dans le ciel ; à la place du caillou, une petite écrevisse indigène se mit à courir vers le globe. Elle s’y faufila et nettoya l’intérieur avec ses pinces.

La source se mit à déverser d’innombrables écrevisses. Les sorcières, dans un grand tourbillon, ramassèrent tous les déchets avant de disparaître à jamais.

Depuis ce jour-là, une jolie rivière scintillante traversa le Val-de-Ruz.

–        Voilà les enfants, vous me croyez maintenant ?

A ce moment-là, le héron, en allant se rafraîchir, posa sa patte sur quelque chose à la fois dur et mou…

La classe de 5ème de Fontainemelon, titulaire A. Graf

Les dessins: