Azote dans le Seyon – un été chargé en nitrites à Bayerel

Une analyse des éléments chimiques

Le Seyon recueille contre son gré les produits d’érosion du bassin versant, mais également des éléments liés à l’activité humaine. Ces substances voyagent dans l’environnement et peuvent s’accumuler dans le cours d’eau ; en excès elles peuvent menacer la vie de la rivière. Les caractéristiques chimiques et physiques sont déterminantes pour les espèces aquatiques. Ainsi, depuis plusieurs années, le Service cantonal de l’énergie et de l’environnement effectue des analyses chimiques afin de surveiller la qualité de l’eau et d’observer les éventuelles détériorations. Cet article présente les principaux résultats et les analyse à l’aide d’une méthode d’analyse éditée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

Cinq sites d’échantillonnage ont été choisis: Villiers (source Sous le Mont), Rincieure (pont à La Rincieure), Bayerel (aval du pont), Valangin (aval de l’ancienne STEP) et le Gor de Vauseyon. L’eau est prélevée mensuellement, sauf pour les mois de décembre et de janvier. La liste des paramètres analysés comprend notamment la date et l’heure d’échantillonnage, les conditions météorologiques, la température de l’air et de l’eau ainsi que les valeurs de composés chimiques présents dans l’eau comme l’ammonium, les nitrates et les nitrites, le phosphore, etc.

La méthode d’analyse et d’appréciation des cours d’eau (Liechti, 2012) se fonde sur la directive-cadre de l’UE sur l’eau et utilise le système modulaire gradué (SMG) qui prévoit la mise au point de méthodes d’analyses et d’appréciations des cours d’eau. Le SMG adopte une répartition en cinq catégories ou classes d’état, à savoir : très bon, bon, moyen, médiocre, mauvais. Afin d’apprécier  la qualité de l’eau du Seyon dans l’ensemble, cinq composés chimiques liés aux activités anthropiques ont été retenus :les orthophosphates, les nitrates, le carbone organique dissous, les nitrites et l’ammonium.Cet article présente les deux derniers éléments. Le lecteur intéressé trouvera le détail des trois autres dans le dernier bulletin (numéro 37) de l’APSSA.

L’ammonium et les nitrites sont des substances naturelles qui se forment et disparaissent sans cesse. Néanmoins, leur présence effective dans les eaux n’est que très rarement d’origine naturelle. Elle est révélatrice d’une saturation en pollution organique des écosystèmes aquatiques. Les nitrites se forment par oxydation de l’ammoniaque. La pollution par ce facteur est importante à partir de 0.1 mg/L. Les nitrites sont très toxiques pour les poissons, notamment les salmonidés. L’ammonium et l’ammoniaque sont immédiatement transformés, en présence des bactéries Nitrosoma, en nitrites (NO2). Ces nitrites sont normalement oxydés à leur tour en nitrates (NO3) sous l’effet des bactéries Nitrobacter. Comme la toxicité des nitrites dépend de la quantité de chlorures dans l’eau, il est possible de mesurer la moyenne annuelle de la concentration des chlorures afin de mieux choisir la classe d’appréciation. Pour l’ensemble des mesures celle-ci est d’environ 17 mg/L de chlorures.  (Figure 3)

Valeurs des apréciations

 

Figure 3

 

 

 

Figure 3 : Valeurs de la concentration en nitrites (mg N/L) des échantillons prélevés sur une année, avec les valeurs de référence selon la Méthode d’analyse et d’appréciation des cours d’eau.

L’ammonium, NH4+, est la forme réduite de l’azote. Il est présent dans de nombreux produits de nettoyages et de désinfectants. Sa présence dans les eaux de surface peut être considérée comme un indicateur de pollution. Il provient de la décomposition incomplète de matières organiques d’origines agricoles, domestiques ou industrielles. Ses effets sur la faune et la flore peuvent déboucher sur un enrichissement en azote et une acidification. Lors de températures supérieures à 10°C ou d’un pH dépassant 9, on applique des critères plus sévères en raison de la protolyse de NH4+-N conduisant à une proportion accrue d’ammoniac. Des concentrations d’ammoniac qui se maintiennent durablement à 0.008 (mg/L N) ou plus peuvent s’avérer toxiques pour les œufs et les alevins de poissons ; il ne faudrait jamais dépasser 0.02 mg/L N (Figure 4-5).

Figure 4

 

Figure 5Figure 4-5 : Valeurs de la concentration en ammonium (mg/L N), des échantillons prélevés sur une année, avec les valeurs de référence selon la Méthode d’analyse et d’appréciation des cours d’eau.

Lionel Rollier